La téléphonophobie est réelle! Un trouble qui n’est pourtant pas rare chez les TSA.

peurtelephoneAmis de le neuro-diversité, bonjour,

Et moi qui croyais être le seul… ou enfin, presque car certains de mes amis autistes semblent partager ma peur du téléphone. Pourtant, d’autres en font un usage excessif, presque compulsif, sans complexes ou peur de déranger. Allez comprendre…

Bref, voici un article de Franceinfo sur cette phobie méconnue mais bien réelle.« J’essaie de me sauver quand ça sonne »: quand la phobie du téléphone rend la vie impossible

Le phénomène est méconnu, mais de nombreuses personnes assurent être atteintes de téléphonophobie. Une peur panique qui les handicape dans leur vie personnelle et professionnelle.
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« La sonnerie du téléphone déclenche chez moi un malaise physique », témoigne Nine2cat. Comme cette lectrice sous pseudonyme, de nombreux internautes ont répondu à l’appel à témoignages de franceinfo sur la téléphonophobie. Cette peur panique du combiné peut sérieusement handicaper les personnes atteintes dans la vie professionnelle et sociale, mais elle n’est pas irrémédiable.

Peu d’études existent sur ce trouble, à tel point que nombre de nos témoins ont été étonnés d’apprendre qu’ils n’étaient pas seuls à souffrir. Le phénomène n’est pourtant pas anecdotique. Des témoignages ont déjà été publiés sur le sujet, à l’image du post de blog du dessinateur Martin Vidberg sur le site du Monde ou de cet épisode du podcast Studio 404. Le sujet fait même l’objet de discussions sur le forum jeuxvideo.com et, au sein de la rédaction de franceinfo, certains journalistes se disent concernés. Pour autant, il n’existe pas de chiffres précis. Franceinfo a tenté de mieux comprendre cette phobie.

« Parfois, on perd des amis »

« Je peux poser des lapins car je n’ai pas le courage d’appeler la personne pour annuler et cela me met dans tous mes états toute la matinée », raconte Stéphanie*, 26 ans. « Il est presque impossible de me joindre sur un téléphone. Mon répondeur est désactivé. Les échanges téléphoniques me font paniquer », ajoute Bernard.

« Au boulot, c’est l’enfer. J’essaie de me sauver quand un téléphone sonne, mais en tant qu’infirmière au bloc opératoire, je ne peux pas toujours ! Et là, c’est sueurs froides, mains qui tremblent et bafouillages en tous genres ! » détaille Anne-Cécile. « Au début, je donnais des excuses bidons à ceux qui n’arrivaient pas à me joindre, avoue Matthieu, mais finalement j’ai informé tous mes amis et proches, leur ai demandé de ne pas m’appeler et dit que je ne les appellerais qu’en cas de force majeure. »

Quand j’ai besoin de voir quelqu’un, je me déplace chez lui sans le prévenir.

Matthieu à franceinfo

« Cela fait deux mois que je dois appeler le service informatique pour récupérer des tablettes et je n’y arrive pas », témoigne Sophie. La jeune femme de 38 ans, responsable d’une médiathèque en banlieue parisienne, évoque ses angoisses autour d’un café : « Il m’est arrivé de rater des opportunités à cause de ma phobie. Par exemple, je coordonne l’écriture d’un livre et je n’ai jamais réussi à rappeler un contributeur qui voulait me parler au téléphone. Du coup, il ne participe pas au projet. »

J’ai fait des conférences devant 200 ou 300 personnes, mais je me paralyse devant une sonnerie de téléphone.

Sophie à franceinfo

Le problème de Sophie est plus simple à gérer dans sa vie privée, car ses proches savent qu’il faut la contacter par texto. Pour d’autres, comme Fanny, l’angoisse du téléphone se surmonte au travail mais pas le reste du temps : « Appelez-moi sur mon portable et je peux rester paralysée en évaluant la situation et en pesant le pour et le contre. En général, ma réflexion envoie mon interlocuteur sur mon répondeur. Que j’écoute rarement. » Un numéro inconnu est généralement une barrière infranchissable pour les personnes phobiques.

Les conséquences peuvent être difficiles à vivre. « Parfois on explique, mais rien n’y fait. On perd des amis. C’est comme ça », regrette Sabine. « Après un petit boulot pour une agence pas très honnête, je n’étais toujours pas payée au bout de deux ou trois mois. J’avais essayé de les relancer par mail, sans succès. Du coup, j’ai fait une croix sur ces revenus, même si j’en avais clairement besoin », relate aussi Guillemette, qui a finalement pu récupérer son argent grâce à l’intervention d’une amie.

Le fait d’avoir peur d’appeler m’empêche également de postuler à certains jobs.

Guillemette à franceinfo

Sophie évoque enfin le sentiment de honte qui accompagne sa phobie : « J’ai mis du temps à accepter que j’avais un problème. Une fois, j’ai tenté de l’expliquer à une collègue et elle s’est moquée de moi. Donc je ne le dis plus. »

« Le sujet redoute souvent une mauvaise nouvelle »

Comment expliquer cette phobie du téléphone ? La psychologue Maria Hejnar a déjà été confrontée à plusieurs patients présentant ce trouble. Elle distingue la peur de passer un appel et celle de décrocher le combiné : « La personne qui souffre de la phobie ressent une angoisse qui va l’empêcher de répondre lorsque son téléphone sonne. Cette crainte est tout à fait irrationnelle : le sujet redoute souvent une mauvaise nouvelle, par exemple l’accident ou la mort d’un proche. »

A chaque sonnerie de téléphone, Sophie s’attend effectivement à « quelque chose de négatif » : « Je suis une angoissée de la vie. Je me dis toujours que j’ai fait quelque chose de mal et que je vais me faire engueuler. » Elle évoque aussi son enfance pour tenter de comprendre les raisons de sa phobie : « Mes parents me demandaient de répondre au téléphone en pensant que ça me faisait plaisir. Je n’aimais vraiment pas ça et, en plus, ils se servaient de moi pour filtrer les appels. »

Certains témoignages évoquent aussi un traumatisme passé à l’origine de la phobie. « J’ai mis cette aversion pour le téléphone sur le compte de plusieurs années à faire la standardiste », raconte ainsi Fanny. A l’heure des messageries instantanées et des mails, le coup de téléphone peut également être vécu comme une agression dans la sphère de l’intime. « Je n’aime pas le téléphone et son côté intrusif, sa sonnerie perturbe l’univers dans lequel je suis, j’ai du mal à accepter d’être dérangée », explique ainsi Céline.

« Une crainte d’être jugé »

« La peur d’appeler, elle, s’inscrit dans une crainte d’être jugé, typique de la phobie sociale. Ces craintes sont irrationnelles mais très réelles pour le sujet qui les ressent », ajoute Maria Hejnar. Divers contextes psychologiques peuvent expliquer ce trouble, que ce soit la phobie sociale ou une dépression sous-jacente. « La phobie est une névrose, qui généralement cache beaucoup d’autres choses. Avec la phobie du téléphone, on est sur un enjeu lié à l’estime de soi, une problématique narcissique », ajoute le psychologue et psychanalyste Michaël Stora, expert sur les questions du numérique. « Je pense que nous sommes dans une société où il y a de plus en plus d’enjeux de performance, de réussite, où l’échec devient interdit. Tout cela provoque un très grand stress », poursuit-il.

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« J’ai peur de déranger, de bafouiller ou qu’on ne comprenne pas bien ce que je souhaite », confirme ainsi Stéphanie. « Au téléphone, les idées ne me viennent pas, je suis nul car je n’ai pas les signaux non-verbaux dont j’ai besoin pour interagir », ajoute Camille. « Le fait de ne pouvoir appréhender mon interlocuteur, de ne pouvoir estimer ses réactions, lire dans son attitude comment il reçoit le message que je lui délivre, est pour moi très gênant », témoigne Jérôme.

Cela pourrait se comparer à l’expérience d’un repas sans odorat, d’un concert sans ouïe, d’une course sur une jambe.

Jérôme à franceinfo

L’évolution récente des modes de communication contribue à accentuer cette phobie du téléphone, ajoute Maria Hejnar : « Certaines démarches qui étaient accessibles autrefois par téléphone le sont aujourd’hui par internet, ce qui rend le fait de téléphoner de moins en moins familier et par conséquent de plus en plus angoissant. Il se passe la même chose dans la vie privée… Plus besoin d’appeler les amis ou la famille pour prendre des nouvelles, elles sont publiées sur Facebook ou Instagram. »

« Je préfère rappeler pour avoir le contrôle »

Les outils numériques sont primordiaux dans la stratégie de contournement du téléphone pour les personnes phobiques. « Certains patients n’arrivent pas à m’appeler pour demander un premier rendez-vous, ils préfèrent le faire par mail », raconte Maria Hejnar. « Doctolib, La Fouchette et autres ont changé ma vie. J’ai notamment repris un suivi médical sérieux », assure ainsi Camille.

Chaque personne phobique met en place des méthodes pour éviter l’épreuve téléphonique. Au quotidien, Sophie s’arrange pour déléguer les coups de fil à ses collègues ou à son mari, mais certains appels sont inévitables. Alors quand le téléphone sonne au travail, la jeune femme prend une grande inspiration, se concentre et se convainc qu’il s’agit d’une personne bienveillante et, alors, elle parvient parfois à décrocher. Mais généralement, elle préfère quand même différer la conversation : « Quand un individu m’appelle, je ne suis pas prête. »

Je préfère rappeler pour avoir le contrôle, pour avoir eu le temps de me préparer.

Sophie à franceinfo

De son côté, Céline est prête à faire beaucoup de kilomètres pour parler à ses interlocuteurs en face à face : « Cela m’oblige à me déplacer souvent, parfois pour rien, pour aller à la rencontre des gens. C’est ainsi que, l’autre jour, j’ai fait deux heures de bus pour aller demander une information que je n’ai pas obtenue. »

Mais Maria Hejnar conseille de ne pas tomber dans le piège de l’évitement, car celui-ci peut aggraver l’angoisse : « L’évitement systématique renforce le sentiment d’incapacité chez le patient et aggrave l’angoisse phobique. Pour autant, la confrontation brutale peut être traumatisante et en conséquence renforcer les symptômes. »

Il faut donc appliquer des techniques pour s’exposer de manière « très progressive à des situations » qui génèrent de l’anxiété, selon la psychologue. Il s’agit d’affronter le téléphone petit à petit en se forçant à répondre. Elle invite également à la pratique de la relaxation pour tenter d’abaisser le niveau d’angoisse. Pour dépasser sa phobie, il est surtout fortement conseillé de consulter un spécialiste. Comme l’explique Maria Hejnar, un psychologue pourra travailler avec le patient « afin de lui redonner la confiance en ses propres capacités et le sentiment de sécurité intérieure ».

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Auteur : OMJG Sennin

"Quand j'étais enfant, mes parents voulaient que je sois médecin parce que j'en avais déjà l'écriture."

3 réflexions sur « La téléphonophobie est réelle! Un trouble qui n’est pourtant pas rare chez les TSA. »

  1. Je suis complètement concernée, par exemple il m’a fallu, littéralement, des mois pour réussir enfin à prendre mon téléphone pour reprendre rendez-vous chez le dentiste, alors que j’ai un problème de reflux gastrique qui me cause des caries parfois fulgurantes. Je savais pourtant très bien que je DEVAIS le faire… Et si la secrétaire avait été présente lorsque je suis sortie de mon dernier rendez-vous, j’aurais fixé le suivant le jour même ! C’est un vrai problème. Je suis capable de prendre sur moi (en échange d’un grand coût en énergie tout de même)lorsque c’est indispensable au niveau professionnel – j’ai même été, pour mon plus grand malaise, standardiste pendant quelques mois, besoins financiers obligent ! Mais quand il s’agit de moi, alors que ce devrait être prioritaire, eh bien paradoxalement je n’y arrive pas du tout…
    Par contre, je ne me reconnais pas du tout dans les raisons psychologiques évoquées. Je n’ai pas peur d’une mauvaise nouvelle, ni d’être ridicule ou nulle. Je pense que pour moi la difficulté se situe vraiment à un autre niveau. Je suis tout simplement extrêmement mal à l’aise dans cette façon d’interagir : je ne sais pas quand parler et quand m’arrêter, je n’arrive pas à « lire » les intentions de mon interlocuteur, ce genre de choses.
    Mes seules parades lorsque je n’ai pas le choix : attendre et choisir un moment où je suis particulièrement en forme, où je vais être seule et où je vais pouvoir m’accorder un temps de « récupération » après le coup de téléphone (cela fait beaucoup de conditions à réunir, d’où parfois plusieurs mois qui s’écoulent…) ; et préparer et repasser longuement dans ma tête tout le script de la conversation : ce que je dois dire au démarrage, et tous les échanges envisageables ensuite (les réponses que je vais peut-être recevoir, mes propres réponses en retour selon les différents scénarios possibles…).
    Bref un simple coup de fil = la plupart du temps, un coût énorme en énergie ! Si je n’ai pas le choix, je finis par le faire, mais si je peux faire autrement, je choisis une autre option, c’est certain.
    C’est moins vrai avec mes proches. Plus je connais la personne, plus j’ai l’habitude de communiquer avec elle, plus je connais ses inflexions de voix et ses réactions-types, et plus l’échange est facile. Mais même comme ça, je préfère TOUJOURS voir la personne en vrai 🙂

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